……..un jour je reçois par télécopie un étrange texte qui va finir de me rassurer. Il est signé de monsieur Alexandre Laumonier : « Errance ou la pensée du milieu» .
« L’errance, terme à la fois explicite et vague, est d’ordinaire associée au mouvement, et singulièrement à la marche, à l’idée d’agrément, à la perte de soi-même. Pourtant, le problème principal de l’errance n’est rien d’autre que celui du lieu acceptable. »
C’était la première fois que je voyais cette définition écrite. C’étaient enfin les mots que je cherchais.
« L’errant en quête du lieu acceptable se situe dans un espace très particulier , l’espace intermédiaire. A l’espace intermédiaire correspond en fait un temps intermédiaire, une temporalité que l’on pourrait qualifier de flottante. Ce temps flottant est le temps du regard sur l’histoire, où l’errant s’interroge sur le passé en même temps qu’il réfléchit sur son futur proche. »
« L’errant s’efface, devient silencieux, il se livre à l’expérience du monde, c’est pourquoi il ne peut y avoir d’errance immobile. Les lieux semblent se ressembler de plus en plus, tout est partout en même temps, la singularité s’efface au profit d’une globalisation, non plus celle des lieux, mais celles de tous les lieux. »
« L’errance est certainement l’histoire d’une totalité recherchée. »
le texte continuait :
« Car l’errance n’est ni le voyage ni la promenade, etc. Mais bien :
Qu’est-ce que je fais là ? »
Texte extrait du livre ERRANCE de Raymond Depardon.